A propos de nomadisme 2018-02-22T10:47:43+00:00

À propos de nomadisme…

Quelques mots autour de la teneur du mouvement nomade…
qui m’anime et m’engage de lieu en lieu, au fil du temps…
De fait, je vais et je viens… de territoire en territoire,
travaillant ici et là… sans jamais rester très longtemps au même endroit,
sans y être sédentaire (!)…
Être nomade, c’est le fruit d’une décision, prise sciemment il y a longtemps déjà,
cela me permet de conjurer certains risques d’enlisement, d’enfermement…
de garder une distance critique qui me semble opportune,
et féconde à l’égard des paradoxes inhérents à chaque lieu, « maison » , ou Institution…
Étant nomade, je peux réinterroger constamment comment se déclinent en actes, fonctions – rôles
– statuts…là où je travaille,
je peux éviter 2 écueils : l’identification outrancière à un lieu…et
le réflexe d’appropriation…qui génèrent si facilement des formes d’aveuglement !

Et puis, disons que la pratique du nomadisme
ouvre la possibilité de travailler à partir de la conscience de la précarité de sa condition,
de cultiver ce mouvement essentiel d’ « exploration permanente de l’espace du doute »…
de penser, d’inventer…et oui, pas moins !
C’est de cela dont il s’agit, en effet :
ré interroger constamment les « conditions du sens » !
où que nous soyons questionner le « dispositif de travail » dans lequel
nous nous engageons concrètement…

Par ailleurs, si j’évoque ce nomadisme qui est le mien,
il me faudrait décrire ce rythme d’allées et venues, ponctuées
de rencontres… de pertes…de disparitions temporaires ou définitives…
de retrouvailles…qui y est lié, et qui ravive l’inévitable sentiment de fragilité
de chaque instant…« tout passe » comme le disait l’écrivain russe Vassili Grossman…
et c’est donc bien la conscience de l’éphémère…qui grandit en soi chaque jour,
et aiguise l’exigence d’intensité, de précision sensible
de cohérence avec soi-même dans la manière de s’engager « corps et âme »
en actes, ici et maintenant, sur le terrain, quel qu’il soit…
sans être sûr de grand-chose d’autre que de la qualité de l’instant présent,
sans stratégie quant à l’avenir…sans penser (calculer !) épargner, accumuler,
mettre de côté pour… demain…(pour avoir la paix l’instant d’après,
pour être tranquille demain…!)

Ceci étant dit, tout en étant nomade dans l’âme, nous vivons aussi
des temps dits de « résidence(s) »,
qu’échangeons-nous alors, que partageons-nous avec les équipes
des maisons dites d’accueil ?
Quelles perceptions, visions, questions quant aux enjeux de nos missions
quant à la fonction politique de notre travail commun ?
À quelle(s) population(s) nous adressons-nous, pourquoi, comment ?
Quelles rencontres publiques fomentons-nous ?
Quelles intensités vivons-nous ensemble ?

Ces questions sont passionnantes à partager…

François Verret, septembre 2017