2011 – COURTS-CIRCUITS 2018-02-23T09:36:26+00:00

©Brigitte Enguérand

Courts-Circuits

« laissez-moi brûler, aimer
ne regardez pas vers moi…
le doux rythme de la folie,
je vous supplie de me sauver
de la folie qui me dévore… »

Les derniers mots dits par Séverine Chavrier dans Courts Circuits éclairent peut être
l’enjeu de l’enchaînement des tableaux qui les précèdent.
Il se pourrait en effet, qu’il ne soit question que d’une chose : tenter –envers et contre toutes les
forces et tous les langages mortifères agissant sur les corps et les âmes – de tenir debout
dans la tempête, d’échapper à une folie dévastatrice…

Dans ce monde aveugle de la marchandise où les identités sont malmenées, violées, niées,
les devenirs schizophrènes ou/et paranoïaques habitent chacun, les torsions de la psyché
humaine sont communes…
« ça va mal », c’est sûr (!) mais de quel mal s’agit-il ?
Peut-on tenter d’en décrypter les causes ?
Partout « ça somatise », et à l’occasion, ça s’affole…à se demander si l’espace de la somatisation
n’est pas aujourd’hui le seul véritable espace d’expression « libre » restant
accessible à chacun.

Finalement dans nos vies, où que l’on soit, tôt ou tard, on ne sait plus où donner de la tête,
(« la vie est un processus de démolition » disait Fitzgerald) et on se retrouve fêlé, fracturé,
dispersé, éclaté en mille morceaux, qu’on essaie plus ou moins vainement de recoller
ensemble, mais à quoi bon ?
Qui a encore l’illusion enfantine de pouvoir « malgré tout » se retrouver sur ses deux pieds,
lesté(e) d’un fil à plomb intérieur qui permettrait de vivre au plus près de ses exigences intimes de qualité, de profondeur, de grâce, de gratuité…de partage, de légèreté, de rire… ?

La dissolution des personnalités est en cours : comment l’empêcher, l’éviter ?
La fragmentation régule tout. L’ « en commun » n’y est plus,
il n’est plus que l’ombre de l’ombre de ce à quoi nous aspirions, il y a encore quelques années.
Le monde est désormais fait de trajectoires croisées, aveugles les unes aux autres, d’où surgissent parfois de brefs éclats de « vitalité désespérée », mais rien ne les relie entre eux,
c’est un peu « sauve qui peut  la vie » pour chacun…

– La vision est sombre !
– Certes, certes !

Reste malgré tout…la poésie…la beauté…
ce qu’en dit Heiner Müller :
« que tu représentes des horreurs ou des brutalités, ça doit être beau, sinon cela n’est pas étranger. Ce qu’il y a de plus étranger à notre réalité, c’est la beauté.
Et c’est la plus grande des provocations. 
»

Fraçois Verret

Distribution
Mise en scène : François Verret
Avec : Jean-Baptiste André, Alessandro Bernardeschi, Séverine Chavrier, Jean-Pierre Drouet, Mitia Fedotenko, Marta Izquierdo Munoz, Natacha Kouznetsova et I Fang Lin
Son : Etienne Bultingaire
Lumières : Robin Decaux avec la collaboration de Karl Emmanuel Le Bras
Scénographie : Vincent Gadras et Karl Emmanuel Le Bras
Images : Manuel Pasdelou
Costumes : Laure Mahéo
Régie générale : Karl Emmanuel Le Bras
Avec la collaboration de Delphine Chevrot au montage d’images et Jean-Marc Ogier pour les images d’animation.
Avec l’aide de toute l’équipe du Théâtre National de Bretagne
Production-diffusion : Frédérique Payn
Production déléguée : Théâtre National de Bretagne, Rennes.

Coproduction : Théâtre de la Ville, Paris ; Festival d’Avignon ; Espace Malraux-Chambéry, scène nationale de Chambéry et de Savoie ; MC2: Grenoble ; L’apostrophe, scène nationale de Cergy Pontoise et du Val d’Oise
François Verret est artiste associé au Théâtre National de Bretagne à Rennes.
Le spectacle a été répété à Rennes dans la salle Gabily.

Diffusion
Création : 16 au 22 juillet 2011, Festival d’Avignon, Avignon
9, 10, 11 novembre 2011, TNB, festival Mettre en Scène, Rennes
17, 18, 19 novembre 2011, Théâtre de la Ville, Paris
30 novembre, 1er et 2 décembre 2011, MC2, Grenoble
26 janvier 2012, L’apostrophe, Cergy Pontoise
2 février 2012, Espace Malraux, Chambéry
7 et 8 février 2012, Comédie de Valence, Valence

Article de presse Courts-circuits par Rosita Boisseau