
©Catherine Ablain
Contrecoup
Pas une voie, pas un chemin, mais une multiplicité de chemins pour raconter une histoire, celle de la famille Sutpen…
Ou pour se raconter des histoires à propos des histoires que se raconte Faulkner, qui a toujours dit qu’une histoire commençait avec une image, un personnage, qu’il voyait dans une situation donnée, et que l’écriture de cette histoire visait à l’explication, au dépliage.
En 1957, à l’université de Virginie, un étudiant parlait avec William Faulkner à propos du poème de Wallace Stevens Thirteen ways of looking at a blackbird (Treize manières de regarder un merle), disant la nature insaisissable de la réalité dont on ne perçoit que des fragments trompeurs ou illusoires… L’étudiant demandait à Faulkner : « Est-ce que les gens qui parlent de Sutpen le voient correctement, ou est-ce plus ou moins pour eux comme de regarder un merle de treize façons différentes dont aucune n’est la bonne ? ». Faulkner répondit : « C’est exactement ça, je crois qu’aucun individu ne peut seul voir toute la vérité, elle vous aveugle. Vous la regardez et vous n’en voyez qu’un côté, un autre la regarde et voit l’un des côtés légèrement de travers. Dans l’ensemble, la vérité c’est bien ce qu’ils ont vu, mais personne ne l’a vue toute entière. Sutpen était lui-même un peu trop grand pour que des gens comme Quentin, Miss Rosa et Mr Compson puissent tout voir en même temps. Comme vous dites, ce sont les treize façons de regarder un merle. Mais la vérité, j’aimerais à le penser, est que lorsque le lecteur a lu ces treize façons de regarder le merle, il a sa quatorzieme image à lui de ce merle, laquelle, je voudrais le croire, est la bonne. »
« C’est ce même processus de mise en perspective relative du regard, du point de vue de chacun que j’adopte pour l’écriture scénique où plusieurs artistes tentent dans un mouvement d’errance fou, circulaire, de recréer l’histoire de Thomas Sutpen. Ils s’épaulent, se rectifient, se contredisent, se relaient, ils partagent la reconstitution de l’histoire, butent sur l’impossibilité même de raconter, éprouvent soudainement le violent désir de se débarrasser de l’histoire, s’obstinent malgré tout…
C’est une histoire racontée par plusieurs voix, chacune donne sa version des faits, c’est la même histoire vue sous différents angles. »
François Verret
Distribution
Mise en scène : François Verret à partir de la lecture d’Absalon, Absalon ! de William Faulkner
Avec la collaboration de : Sylvie Blum
Avec : Susanna da Cruz, Mitia Fedotenko, Vincent Fortemps, Vincent Gomez, Hannah Hedman, Angela Laurier, Marc Veh, François Verret
Partition sonore : Alain Mahé avec la collaboration de Carol Robinson et Jean-Pierre Drouet
Lumières : Christian Dubet
Images : Vincent Fortemps
Scénographie : Goury
Direction technique : Jean-Noël Launay
Régie lumières : Gwendal Malard
Montage images : Thierry Massé
Conception mannequins et masques : Zouzou Leyens
Fabrication mannequins : Philippe Robert
Construction scénographie : Vincent Gadras
Peintures scénographies : Ludmilla Wolf, Jacqueline Bosson
Collaboration voix : Linda Wise
Couturière : Claude Gorophal
Coproduction : Théâtre National de Bretagne, Rennes ; Théâtre de la Ville, Paris ; Opéra de Lille
Article de presse Contrecoup par Gwénola David